Voici venir le symposium !

Les Grecs anciens utilisaient le συμπόσιον (symposion) dans leurs beuveries, où les participants se lançaient dans des discussions, des récitations de poèmes, de la musique et des conversations intellectuelles, souvent accompagnées de vin. Cette tradition ne leur était pas unique. En effet, le Snwt (Senut) égyptien servait d’occasion à des célébrations joyeuses, parfois même avec une composante religieuse ou rituelle. Les Fang d’Afrique mettent souvent en scène des griots, des conteurs ou des anciens qui partagent des histoires orales, des proverbes et de la sagesse. Le Ẹgbẹ́ des Yorubas rassemble des groupes sociaux ou spirituels, souvent avec de la nourriture, de la musique et des discussions intellectuelles ou spirituelles. Ces sessions servent de fora pour les échanges intellectuels et culturels.

Du 6 au 10 juillet 2025, l’Institut Historique de la Compagnie de Jésus en Afrique (JHIA), et la Conférence des Jésuites en Afrique et à Madagascar (JCAM) maintiendront cette tradition de rassemblement, de socialisation, de récits et d’échanges intellectuels lors d’un symposium international autour du thème : Les exercices spirituels dans le contexte africain.

La rencontre réunira des chercheurs et des praticiens des Exercices Spirituels originaires d’Espagne, d’Italie, du Kenya, du Cameroun, de Tanzanie, du Rwanda, de la RD Congo, d’Afrique du Sud, du Zimbabwe, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, des Etats-Unis, etc. non pas dans le cadre académique qu’aurait pu être le complexe universitaire de Hekima, mais dans le Centre de Spiritualité Jésuite de Mwangaza. Ce symposium n’est donc pas, comme les Exercices Spirituels eux-mêmes, une simple réunion formelle ou une conférence où l’on échange des idées, souvent axées sur des sujets savants ou intellectuels. Il sera plutôt nourri par l’atmosphère conviviale et sociale des premiers symposiums grecs, égyptiens et africains, fidèles à l’héritage ignatien des institutions d’accueil.

Premier du genre, ce symposium part d’un constat simple : les Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola sont une réalité africaine, et l’Afrique, à son tour, peut les enrichir, en renouveler les méthodes et pratiques. Déjà, des Africains d’horizons divers se sont familiarisés avec les Exercices. Ils les ont traduits. Ils en ont proposé des interprétations théologiques. Ils utilisent le langage ignatien du « colloque », de la « conversation spirituelle », des retraites, du « discernement en commun », du partage de la foi dans leur vie de prière, de l’organisation de leur vie communautaire et d’autres symposiums dans lesquels l’art d’apprendre émerge de la pratique, de la socialisation, de la représentation publique, des rituels, de la palabre, etc.

Ces Africains, ainsi que leurs collègues non-africains, reviendront sur le contexte d’émergence et aux sources qui ont donné naissance aux Exercices Spirituels. Ils expliqueront par la suite comment les Exercices Spirituels sont devenus africains, à travers la recherche académique et les différentes façons dont les Exercices sont faits, donnés, utilisés, dans le contexte africain. Ils examineront également les nouvelles opportunités en partageant les différents aspects de leur pratique des Exercices Spirituels et en abordant les défis émergents.

Nous sommes reconnaissants à la Compagnie de Jésus qui, par l’intermédiaire de FACSI, est le principal sponsor de la Conférence, ainsi qu’aux autres donateurs individuels dont la discrétion exige qu’ils ne soient pas nommés ici, à tous les contributeurs et au comité de pilotage pour leur générosité et leur esprit de collaboration. À l’approche du mois de juillet, nous espérons que l’hiver plus frais que d’habitude à Nairobi sera surmonté par la chaleur d’être ensemble, poussés par l’Esprit, dans l’appréciation de cet important héritage de notre Église. Karibuni Nairobi !

 

 

Jean Luc Enyegue, SJ
Directeur de la JHIA